Bible Musique Cithare 1
Odile Berthie - C&H 123
Il était une fois une cithare qui d’un son harmonieux accompagnait une veillée de prières. J’ai eu un coup de foudre pour cette musique. Résonnaient en moi de la sérénité, de la paix, du calme, comme une élévation ailleurs. Depuis, je n’ai de cesse de m’intéresser à cet instrument, cité maintes fois dans la Bible. Et c’est donc cet attrait qui a guidé le choix du travail de maîtrise en théologie (Maitrise libre en théologie soutenue à la faculté de théologie de Toulouse le 4 juin 2009).
Cette étude sert de base à ces articles.
Pourquoi un tel titre puisque c’est la cithare qui devrait seule être l’objet de ces articles ? En fait, il est impossible de séparer cet instrument de son contexte dans la musique de l’Orient. La cithare était un instrument de musique parmi d’autres, parmi les lyres et autres instruments à cordes.
Aussi, semble-t-il important de s’imprégner du contexte de la musique dans la Bible et particulièrement dans l’Ancien Testament, afin d’approfondir le rôle de la cithare dans le peuple hébreu. Cette série d’articles débutera donc par une approche générale de la musique en Orient.
Où, quand, pourquoi jouait-on alors des instruments à cordes, sera l’objet du second article.
Et enfin c’est une étude du psaume 150, psaume qui clôture le psautier, qui sera la conclusion de cette série d’articles.
1. Musique en Orient
Vouloir comprendre et approfondir la musique du temps des patriarches et de l’époque biblique relève d’un défi malgré la progression des recherches et des trouvailles récentes. On a peu de documents iconographiques ou autres. Il faut donc aller cueillir les fruits des trouvailles d’autres peuples pour tenter de se faire une idée de cet art musical d’alors! On ne peut omettre de signaler que toute reproduction imagée était interdite par le deuxième commandement de Moïse (Ex 2, 4). Le peuple hébreu était un peuple nomade, il n’était pas isolé sur sa terre. Il a séjourné en Egypte, à Babylone…Sa culture s’est façonnée au contact de ces civilisations qu’il a côtoyées et dont il a partagé les mœurs et coutumes.
La musique et le chant ont toujours occupé une place importante dans la vie des peuples. Des fouilles à Ougarit, à Emar, ont mis à jour des tablettes attestant de la pratique du chant. Sur des tessons de poterie, on peut y voir des instruments de musique. Que dire des deux cithares trouvées dans « la tranchée de la mort » à Ur (Un gigantesque sacrifice humain devait avoir eu lieu: 74 squelettes de femmes ornées de colliers et diadème…avec deux cithares qui avaient sans doute rythmé leur marche à la mort ! (DUCHESNE-GUILLEMIN, Le croissant fertile. Paris, Editions Maisonneuve, 1963, p.22). La musique accompagnait la vie privée, la vie cultuelle, le quotidien.
La musique instrumentale dans la Bible (Nous empruntons à CHARLIER Jean Pierre, Jésus au milieu de son peuple, tome III, les jours et la vie, lire la Bible Ed. Cerf, 1989, pp 165 – 168, ce classement et cette description)
Instruments sacerdotaux : ce sont les instruments à vent, trompettes de cuivre ou d’airain, cornes de béliers, utilisés par les prêtres ou sur leur ordre, ils ont une portée magique ou atropopaïque (qui détourne les maux).
Instruments lévitiques : Harpes, lyres, kinnor, cithare. Ils sont diversifiés, leur tessiture est multiple, on ne peut les décrire précisément. La harpe ou nebel en hébreu pourrait avoir eu jusqu’à vingt-trois cordes. Les lyres (kinnor, cithare) ont un réseau de cordes disposées dans un cadre. Les cordes sont pincées ou frôlées au doigt ou caressées par un archet.
Instruments laïcs : ûgâv qui serait la flute ou le chalumeau; le halîl, sorte de flute.
Les idiophones : clochettes, cymbales et tambourins.
La musique dans la vie d’Israël
Comme ailleurs la musique a eu une part active dans les actes fondateurs de la vie du peuple hébreu. Elle était présente lors d’évènements joyeux ou tristes.
Dès les premiers de la Genèse on peut lire dans la descendance de Caïn « Ada mit au monde Yabal …Son frère s’appelait Youbal: il fut le père de tous ceux qui jouent de la cithare et de la flute » (Gn 4, 20-21). Jean-Pierre Charlier écrit «Dans la conception biblique des origines de l’humanité, l’homme qui a reçu gérance de la création, ne travaille pas uniquement pour satisfaire ses besoins, mais se consacre à l’artisanat et à l’art, singlièrement celui de la musique, du chant, et de la danse…il se veut un monde en fête» (CHARLIER Jean Pierre, op cit. p.161)
Dans 2Ch 20, 28 après la victoire sur l’ennemi, Josaphat entre « à Jérusalem au son des harpes, des cithares et des trompettes ». Lors des fêtes ou des festins, on chantait « au son des tambourins, de la harpe et de la flute ». (Jb 21, 12).
Dans le deuil on chante des complaintes, certainement accompagnées d’instruments (2Ch 35, 25).
L’activité cultuelle était aussi soutenue par la musique: fonction dans le prophétisme, (1S 10, 5) dans les exorcismes (1S 16, 16). La cithare est alors nommée parmi d’autres instruments.
Conclusion
Si les cors faits de cornes d’animaux ou d’éléments naturels font référence à la période des nomades, les instruments à cordes correspondent à des moments de sédentarisation: période plus faste. La musique devient un art et elle a des écoles au temple, les cordes et les vents se complètent et s’allient. Enfin les flutes et chalumeaux sont présents dans la vie quotidienne champêtre et autre. Comme il n’y a pas de musique sans danse, celle-ci a aussi sa place !
Etudier la cithare amène donc, à une recherche sur la musique en général dans la Bible. On ne saurait l’isoler et lui donner un rôle minime alors qu’elle a sa place parmi tous les instruments; tout comme il est difficile de sortir un instrument de son orchestre.
Mais il sera cependant, intéressant de lui accorder une étude particulière.
Bibliographie
Le psautier chez les Pères, Cahiers de Biblia Patristica 4, Marc Philonenko (Université de Strasbourg), Prudence et le Psaume 151, Dittochaeon XIX, p. 292.
CHARLIER Jean Pierre, Jésus au milieu de son peuple, tome III, les jours et la vie, lire la Bible ed. Cerf, 1989, p.161