Mais où en est En Calcat ?
Frère Daniel de l’abbaye
d’En Calcat - C&H 144
L’atelier de cithare a dû suspendre sa production d’octobre à décembre 2021 pour procéder à un inventaire inaccoutumé. En effet, depuis 45 ans, l’atelier a produit sans discontinuer des milliers de cithares, sans connaître de temps de vacances.
Depuis tout ce temps, des frères sont passés. Notre fondateur de l’atelier, P. Patrice a rejoint la maison du Père… Des matériaux ont changé, des techniques de fabrication ont évolué, et un temps de pause était nécessaire pour réfléchir à ce que nous faisions, à la façon dont nous le faisions, et même, si nous devions continuer.
Les temps aussi ont changé, la demande de cithares est cinq fois moindre qu’il y a 30 ans. De bons luthiers se sont fait connaître ailleurs ; nos antiques cithares réapparaissent, en vente sur le web.
Après ces trois mois qui nous ont permis de faire le point en profondeur, nous continuons d’honorer les demandes qui continuent d’arriver. Nous avons repris plusieurs points faibles, ou devenus tel, du fait de l’érosion des qualités de matériaux disponibles chez les fournisseurs, ou de la moindre attention à des opérations devenues routinières pour les frères monteurs.
Qu’est-ce qui change ? :
- Les tables d’harmonies et fonds en multiplis (contreplaqué) de bouleau (5 plis de 6 mm) ont été retrouvées, qui remplacent avantageusement les multiplis de peuplier plus épais et moins sonnant, seuls disponibles sur le marché pendant quelques mois.
- Les chevalets du bas, sur lequel s’appuient les modulateurs sont maintenant collés à la caisse, pour éviter les décrochements.
- Les vis des modulateurs sont renforcées pour éviter leur flexion intempestive.
- Un gabarit a été créé pour remplacer l’ancien défaillant, et guider le perçage, au 0,2 mm près, des 133 trous sur le cordier.
- Une partie du personnel a été renouvelé, dont le directeur, avec un recrutement à l’international, mais… dans le monastère !
- Les modèles 12/4 et 7/7 ne sont plus fabriqués, car trop peu demandés.
Instrument à l’origine et aux prétentions modestes, la cithare a été démesurément complexifiée pour répondre aux attentes musicales exigeantes ; elle restera fragile en beaucoup de points, et perfectible à l’infini. C’est dans cette perspective que nous avançons pour produire cet instrument destiné à la prière. C’est sa vocation première dès la fondation de l’atelier, et c’est aussi dans cette perspective que les frères travaillent jour après jour.