La cithare dans la Bible 4
le livre des Chroniques
Odile Berthie - C&H 128
Que présente le livre des Chroniques au sujet de la cithare ?
Le livre des Chroniques est composé de deux livres : « Premier et Deuxième livre des Chroniques » trouve-t-on dans nos Bibles.
Ces livres « rédigés …au IVe siècle avant Jésus-Christ, relisent l’histoire royale…dans une perspective presqu’exclusivement cultuelle. Vu l’importance accordée au Temple et au rôle des Lévites, on pense que l’auteur était un Lévite (ou plusieurs Lévites) du Temple de Jérusalem reconstruit après l’exil »1.
Puisqu’il s’agit de culte et de temple, fouiller dans ces textes nous apprendra la place de la cithare et d’autres instruments de musique, dans ce milieu ! C’est au chapitre 15 du premier livre des Chroniques, lors du transfert de l’arche à Jérusalem par David, qu’est décrite la place des Lévites, chantres et musiciens. La cithare y est mentionnée plusieurs fois :
-« David dit au chef des Lévites de mettre en place leurs frères les chantres, avec leurs instruments, harpes, cithares, cymbales pour les faire retentir avec force en signe de joie ». (1 Ch 15,16).
-« Zacharie, Aziël, Shemiramoth, Yeïel, Ounni, Eliab, Maaséyahou, Benaya jouaient de la harpe pour voix de soprano, Mattityahou, Elifléou, Miqnéyahou, Obed-Edom, Yeïel, et Azazyahou, accompagnaient avec des cithares à l’octave pour diriger » (1 Ch
15, 20-21).
-« Tout Israël fit monter l’arche de l’Alliance du Seigneur parmi les ovations au son du cor, des trompettes et des cymbales, en faisant retentir des harpes et des cithares » (1 Ch 15, 28).
La cithare est aussi mentionnée au chapitre 16 :
« Devant l’arche du Seigneur, David plaça des Lévites … pour célébrer le mémorial, l’action de grâce et la louange du Seigneur, Dieu d’Israël. Il y avait Asaf comme chef, Zacharie en second, puis Yeïel, Shemiramoth, Yehiel, Mattitya, Eliab, Benaya, ObedEdom et Yeïel, avec leurs instruments de musique, harpes et cithares ». (1 Ch 16,5).
Ces quelques versets renseignent minutieusement sur le rôle de la cithare parmi les instruments qui constituaient l’orchestre du temple.
La cithare est un instrument de joie dans ce passage, elle a sa part dans cette
« symphonie », dans cette fête en l’honneur de l’installation de l’arche. Il n’y a pas qu’une cithare, mais au vu du nombre de musiciens, il y en a sept ou huit. Ceci sousentend que la musique jouée avait été apprise, et qu’être musicien impliquait une formation.
Même si la Bible n’indique pas comment était apprise la musique, on peut rechercher ce qui se faisait dans l’Orient ancien et il est probable que ceci se reproduisait chez les peuples voisins. Ainsi « d’après les témoignages des IIIe et IIe millénaires, les musiciens d’une ville appartenaient à une institution, une sorte de conservatoire…Le conservatoire était l’endroit où les musiciens apprenaient et répétaient les chants liturgiques, et où des instruments étaient créés ou réparés » 2. On peut transposer ceci pour le temple, pourquoi n’y aurait-il pas eu des formations pour ces musiciens du temple ?
Le fait aussi que chaque famille d’instruments ait sa « partition » plaide pour un apprentissage, une étude. Si les harpes jouaient soprano, les cithares jouaient à l’octave supérieure ou inférieure ; cela n’est pas précisé, mais fallait-il qu’il y ait auparavant accords ?
Les instruments à cordes jouissaient d’un grand prestige dans le monde
mésopotamien, et ceci se retrouve encore dans ces versets, puisque c’est au son de ces instruments que l’Arche était installée pour la louange au Dieu d’Israël. David a voulu honorer son Dieu par cette cérémonie autour de l’Arche d’Alliance qui était pour le peuple la présence de YHWH au milieu d’eux. Y associer parmi d’autres instruments la cithare rend témoignage de la place précieuse de cet instrument dans l’orchestre du temple.
En conclusion, il y aurait encore beaucoup à rechercher dans ces versets et dans d’autres de ces livres des Chroniques, mais il y a là déjà un aperçu de la grandeur et du faste qui se déployaient alors. Chantres, musiciens nombreux, instruments de musique variés sont la marque de ce qui se vivait alors.
Faire perdurer cette tradition, avec nos moyens certes, mais se situer dans la lignée de ces musiciens, n’est-ce pas un honneur ?
Notes de bas de pages
1 La Bible, traduction officielle liturgique, Mame, Paris, 2013, p.543. C’est cette traduction qui sera prise dans ce document.
2 Echos de l’Antiquité, MUSIQUES ! Snoeck, Louvre-Lens, 2017, p.32.