GROUPE THEMATIQUE : DIAGRAMMES - C&H 117
Posté le 28/07/2023
Groupe thématique Diagramme
B. Maréchal, J. Hurter,
l'équipe de rédaction - C&H 117
La rédaction a pris contact avec Jean Hurter pour compléter les informations données par Bernadette Maréchal aux Journées de la cithare de septembre 2015. Certaines informations se complétant, la rédaction propose ici un article condensé sous forme d'un dialogue qui fait le point de la situation. MERCI à tous les deux pour vos textes respectifs.
Les diagrammes dans le sondage
Le sondage réalisé entre février et avril 2015 avait mis en évidence la présence de citharistes jouant avec des diagrammes.
Dans le rapport de juin 2015, on peut lire :
Les citharistes jouant avec des diagrammes utilisent un support qui permet à de nombreuses personnes de jouer de la cithare sans aucune connaissance musicale. Historiquement, ce support a été imaginé conjointement à la création de la cithare à accords. Géographiquement, des groupes existent à notre connaissance en France, en Suisse et en Allemagne.
Dans le contexte d’une association fédérative ouverte à la diversité, ce groupe de citharistes a aussi sa place.
Les problèmes mentionnés dans les commentaires sont très précis :
- Trouver des diagrammes bien faits avec des moyens informatiques
- Diffuser ces diagrammes
- Créer des liens entre les citharistes jouant avec des partitions et avec des diagrammes en proposant un répertoire commun.
Tout d'abord, qu'est-ce qu'un diagramme ?
Jean Hurter : Les diagrammes sont des feuilles ou des cartons à glisser sous les cordes de la cithare, indiquant ainsi l'emplacement des cordes à actionner, et donc des notes à jouer.
Ces notes sont reliées entre elles par des traits, constituant ainsi
un "chemin" à suivre, un peu à la façon d'un labyrinthe, pour jouer la mélodie. Les accords à utiliser peuvent également être indiqués.
Pourquoi le diagramme a-t-il été imaginé ?
Jean Hurter : A sa création, à la fin du XIXème siècle, la cithare à accords a été conçue afin que l'instrument soit jouable par un grand nombre d'amateurs. C'est pourquoi les partitions ont été adaptées pour pouvoir être jouées sans posséder de grandes connaissances musicales, notamment en ce qui concerne la lecture des notes. Ainsi sont nés les diagrammes.
Qui joue avec des diagrammes ?
Jean Hurter : Nos voisins Suisses ou Allemands utilisent beaucoup ce système dans certaines régions. Mais également en France, de nombreux groupes ou amateurs de tous niveaux jouent avec des diagrammes.
Rédaction : En France, il semble que ces groupes se trouvent essentiellement en Alsace. Par contre, on trouve des personnes jouant seules avec des diagrammes dans plusieurs régions de France.
Bernadette Maréchal : Ces citharistes jouent autant seuls qu'en groupe. Pour la grande majorité, ces personnes ont peu (ou pas) de connaissances musicales.
Elles ont toujours voulu jouer de la musique, mais le solfège leur fait peur bien souvent. Ces groupes transmettent les connaissances de base du jeu de la cithare. Ils sont une aide pour apprendre la mélodie et intégrer le rythme.
Rédaction : La présence de ces groupes est importante. Leur rôle est le même que ceux utilisant des partitions. Il s'agit de transmettre la musique dans une atmosphère conviviale et chaleureuse, et de partager ensemble une passion commune : la cithare.
Chaque cithariste doit personnellement définir si un groupe répond à son attente ou pas, autant dans le choix du répertoire, la liberté de la technique de jeu que le support du diagramme ou de la partition. Pour beaucoup, le groupe est d'abord un lieu de convivialité et de partage.
Les responsables de groupe doivent aussi rester dans la cohérence de leur pratique personnelle, autant dans la technique de jeu (tiré ou buté) que dans le choix du support (diagramme ou partition). Car un cithariste, qui n'a aucun problème avec le solfège, ne peut pas jouer facilement une partition transcrite sur diagramme: des informations essentielles sont manquantes et doivent être retrouvées dans sa mémoire.
Quel répertoire ?
Jean Hurter : Loin de se cantonner au domaine de la musique folklorique, les diagrammes trouvent leur place dans la transcription de musique classique, religieuse, méditative, musique de variété, airs populaires, etc.
Bernadette Maréchal : certains ont retranscrit personnellement des morceaux assez poussés comme ceux de Hermann Oberson ou Catherine Weidemann.
Quelles cithares ?
Bernadette Maréchal : Les diagrammes ont été prévus initialement pour les cithares noires allemandes, les 6/4 et 6/7. Mais certains citharistes adaptent et composent des morceaux retranscrits sur diagrammes pour les cithares d’En-Calcat et pour les 8/12 et 7/12 de Luca Panetti.
Quelle notation ?
Jean Hurter : La notation utilisée a connu plusieurs évolutions successives dans le temps, tendant à la fois à simplifier la lecture de la musique tout en veillant à conserver une restitution la plus fidèle possible de l'œuvre musicale originelle.
Rédaction : Comme on peut trouver différents codes dans les partitions simplifiées, on trouve aussi différents codes dans les diagrammes.
Bernadette Maréchal : Certains utilisateurs de diagramme espèrent l’aide de musiciens compétents pour améliorer les symboles, normaliser les signes et décider de l’écriture des diagrammes. Certains sont désireux d’entrer en contact avec les autres.
Manuscrits et impressions
Rédaction : Depuis la création de l'instrument, il existe des milliers de diagrammes.
Ceux qui sont imprimés sont en grande partie des transcriptions de chants populaires en langue allemande. Les diagrammes manuscrits sont aussi nombreux ; leur quantité est difficile à chiffrer exactement.
Bernadette Maréchal : Certains adaptent et composent des morceaux directement sur diagrammes. Un cithariste utilise des couleurs différents par notes pour ouvrir le diagramme à la possibilité d'improviser.
D'autres réalisent l’impression de ces morceaux dans une présentation soignée et adaptent les diagrammes pour les cithares, dont l’écartement des cordes diffère.
Jean Hurter : En pointant à l'aide d'un crayon l'emplacement des notes jouées sur une feuille vierge placée au préalable sous les cordes, on peut constituer le "squelette" du futur diagramme en cherchant à l'oreille une mélodie connue, ou, pourquoi pas, une mélodie de sa propre invention. Il faut ensuite relier ces points entre eux de façon chronologique et les transformer en notes en leur attribuant une durée (croche, noire, etc…). Les points ainsi remplacés par les valeurs de notes donnent son rythme à la mélodie.
L'informatique au service du diagramme ?
Résumé des explications de Jean Hurter : Si on maîtrise l'outil informatique, on peut également, à l'aide de différents logiciels, arriver à éditer des diagrammes. Il faut tout d'abord un séquenceur ou un programme qui permet d'éditer une mélodie en format midi. Ensuite, le logiciel "Harmony" (Myriad) permet d'éditer des diagrammes pour cithare à partir de ces fichiers midi. En constante évolution, ce logiciel est un bon outil, mais nécessite certaines connaissances musicales et informatiques. Il convient surtout pour des morceaux assez courts, sans quoi le rendu est vite illisible étant donné que le placement des notes est automatique et ne permet pas à l'utilisateur novice de gérer une mise en page "sur mesure".
Une alternative à Harmony est l'utilisation d'un logiciel du type "Excel" (ou son équivalent sous Libre Office). Même s'il n'est à priori pas destiné à ce type de tâche, on procède de la manière suivante : on produit un tableau ayant la forme et la taille d'un diagramme vierge, l'espacement entre les cordes représentant la largeur des colonnes du tableau. Puis, en élaborant les principaux modèles de notes (croches, noires…), il suffit ensuite de les placer aux bons endroits par des "copier/coller" successifs. Afin d'obtenir un résultat ayant un bel aspect, il faut se tourner ensuite vers un logiciel de traitement graphique pour "reprendre" ce diagramme, le rendre le plus lisible possible, y insérer des renvois et des signes de reprise afin de faire tenir le diagramme sur une seule feuille en cas de mélodie plus longue.
Ceci impose parfois de faire quelques "adaptations" par rapport à une notation "traditionnelle" sur partition.
Le diagramme : quels atouts ?
Jean Hurter : le diagramme permet aux débutants d'aborder l'instrument de façon simple, non rébarbative, et procure donc
rapidement le plaisir de jouer à ceux qui découvrent l'instrument, et ce à tel point que, bien souvent, leurs utilisateurs souhaitent poursuivre par la suite l'utilisation de cette technique confortable.
- La disposition des notes sous les cordes évite les perpétuels allers-retours des yeux entre la partition et les cordes (notamment lors de l'apprentissage de l'instrument).
L'utilisation du diagramme engendre moins de fatigue, les notes étant placées à la fois dans l'axe de la vision et des doigts. - Le diagramme permet d'anticiper facilement le placement des doigts en fonction de la direction de la ligne mélodique située
sous les cordes.
Quelles limites ?
Bernadette Maréchal : J’ai commencé à jouer de la cithare, en isolée, à une époque où l’association n’existait pas. J’ai débuté avec les diagrammes que l’on trouvait dans les boîtes des cithares noires.
Très vite, j’ai créé selon mes besoins de nouveaux diagrammes pour accompagner les chants en paroisse ou quelques morceaux courts. Je jouais de la guitare classique et de la flûte, ce qui m’a permis de me « débrouiller » seule.
Lorsque j’ai pu participer à une session et apprendre une lecture et une pratique sans diagramme, j’ai été réjouie de la liberté que cela me donnait, de la créativité que j’expérimentais. Mon expérience musicale m’a permis de franchir aisément ce cap.
En tant que professeur depuis plus de 20 ans, je peux dire que souvent les débutants se heurtent à la difficulté d’associer à la fois la lecture des notes, le jeu sur les cordes et croient que le diagramme aidera à un passage plus aisé. J’aime insister que cela peut être un leurre. Et que l’effort de démarrer avec courage est payant.
Mais, en tant que professeur, je veux dire aussi que le diagramme est vraiment un outil précieux pour qui peine trop devant une partition. Il serait vraiment dommage que cette personne ne puisse profiter des bienfaits de la cithare dans sa vie et dans celle de ceux avec qui ou pour qui elle joue !
Que chacun et chacune puisse choisir le moyen qui lui permet de se réjouir le cœur et de semer la joie, c’est cela qui compte !
Et mon souhait serait que l’association puisse aider à rassembler les énergies pour faire connaître et améliorer les diagrammes selon les désirs exprimés par les personnes rencontrées.
En guise de conclusion
Rédaction : mieux se connaître et collaborer entre utilisateurs de diagrammes et de partitions est pour certains un objectif important qui pourrait prendre vie au sein de notre association.
La création de ce groupe thématique dépend de toutes les personnes intéressées.
Est-ce votre souhait ? Si oui, contactez le CA pour vous faire connaître aux : [email protected].
Construire des ponts entre tous les citharistes, quel que soit le support utilisé et la technique de jeu, c'est une entreprise de longue haleine où chacun d'entre vous peut jouer son rôle en faisant un pas vers l'autre. Des cloisonnements inutiles pourront peut-être alors tomber.
De son côté, l'équipe de rédaction propose un « pont » pour que les citharistes puissent se rencontrer et surtout jouer ensemble.
Vous trouvez ainsi dans ce numéro 117 la mélodie de Greensleeves présentée tout d'abord en forme de diagramme, et ensuite de partition avec les accords sur une portée rythmique. Cette dernière offre une simplification de la lecture du jeu de la main gauche tout en offrant une clarté rythmique.
Enfin, les plus avancés en solfège, qui préfèrent lire sur 3 portées, trouvent également la partition complète du chant de Noël. L'écriture avec les hauteurs du jeu des accords est la seule capable de donner toutes les informations exactes de la partition.
Ces trois présentations (diagramme - portée rythmique – 3 portées) correspondent à trois niveaux de compétences avec le solfège. Notre journal de liaison étant publié sous forme digitale, chacun peut imprimer en fonction de ses besoins. Pensez à la nature et n'imprimez que ce qui vous est nécessaire. Le reste peut rester dans un fichier de votre ordinateur.
Belle découverte à tous !
A propos de Jean Hurter
Jean Hurter est un musicien multi-instrumentiste, compositeur, improvisateur.
Venu à la cithare par goût personnel et intéressé par la technique de notation des diagrammes, il en élabore régulièrement, pour lui ou à la demande d'autres citharistes.
Exenseignant et formateur en pédagogie musicale, cette manière de transcrire la musique pour la cithare à accords ne pouvait que l'interpeller, car elle permet de mettre l'instrument à la portée de celles et ceux qui souhaitent en jouer sans posséder de grandes connaissances solfégiques, en conservant ainsi l'esprit "populaire" originel de la cithare.
L'instrument devient alors pour tous "un jeu d'enfant" !
En saisissant dans votre moteur de recherche "cithare Jean Hurter", vous aurez le loisir d'écouter sept méditations qu'il a composées pour la cithare à accords.
Jean Hurter : [email protected]