En souvenir du Père Patrice
C'est à En-Calcat, 1986, que j'ai eu la joie de participer à mon premier (vrai) stage de cithare et c'est là que j'ai acheté ma première grande cithare à un Cithariste qui en proposait une d'occasion.
Quasi débutante, je me suis trouvée dans le groupe animé par Frère Patrice. Maguy gardait, sans doute, les plus avancés.
Quel bonheur de voir que le Père Patrice jouait avec tous ses doigts, réponse à la question que je m'étais posée au tout début.
Je n'ai plus souvenir de ce que nous avons joué pendant ce stage mais de quelques anecdotes: au début d'un après-midi, un peu excédé, je pense, par les questions d'une participante, il nous a quittées brusquement, nous laissant pantoises devant nos cithares. Quelque temps après, il est revenu tout contrit, nous avouant qu'il n'avait pas fait de sieste!
Un grand moment a été la visite de son atelier. Devant une petite fenêtre, son coin de travail encombré d'outils... Mais ce que je n'oublierai jamais, c'est la vue des araignées qui y avaient tissé leurs toiles et semblaient très heureuses d'être là.
Je crois bien que, des années après, une cithare 6/7 qui m'avait été donnée par une amie a été la dernière cithare à laquelle le Père Patrice a posé les modulateurs, par amitié pour un de ses jeunes frères cithariste, de l'Abbaye de Melleray, avec lequel je travaillais. Je l'aime bien aussi cette petite cithare...
Merci, cher Père Patrice! Marcelle Blanc
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Dieu n'a pas d'oreille !
Lors de la commande de mon premier psaltérion, le Père Patrice m'avait dit qu'il me l'enverra par la poste. Pour moi, c'était simplement impossible de ne pas faire ce déplacement important de quelques 700 kilomètres, et autant pour rentrer. Une sorte de pèlerinage !
En tant que violoniste habituée aux luthiers, j'étais bien sûr surprise de ne pas pouvoir choisir mon instrument parmi plusieurs, afin d'écouter lequel parlerait à mon cœur. Car trouver son instrument, c'est une longue histoire intérieure. Mais les règles du monastère m'ont contrainte de renoncer à ce premier moment d'intimité.
En ce temps, il n'était pas question de venir visiter l'atelier, même si mon mari m'accompagnait. Père Patrice est ainsi venu dans un parloir où il m'a donné mon psaltérion en cherchant le dialogue.
Quand il sut que j'étais violoniste, il me posa de nombreuses questions précises sur ma vision de la technique en tiré (il jouait lui-même en tiré). À la fin de cet entretien très riche, il me rappela l'essentiel :
- Mais vous savez, Dieu n'a pas d'oreille !
Il n'entend qu'une seule musique, celle de votre cœur !