Maguy Gérentet - C&H 120
Nous étions je crois quatre citharistes, par cette belle matinée du 13 décembre, à avoir pu faire le déplacement pour accompagner frère Patrice au petit cimetière d'En Calcat…
Il est clair que lorsqu'on meurt à un âge si avancé, il reste relativement peu d'amis et connaissances pour pouvoir participer aux obsèques, et moins encore lorsque s'ajoutent à la clé des contraintes de déplacement.
Mais ce matin-là dans l'église abbatiale, j'imaginais sans peine toutes les religieuses, citharistes ou anciennes des stages de chants, et autres personnes qui auraient rempli les bancs si cette cérémonie avait eu lieu " normalement ", il y a une vingtaine ou une trentaine d'années...
Qu'il me soit permis de citer, parmi des centaines d'autres, sœur Erika (Toulouse), Sœur Magdalena et sœur Marie-Albert (Suisse), Maurice Tesson (qui voulait des cithares toujours plus grandes), Françoise Jaguenaud (qui l’a si longtemps déchargé du service des cordes), sœur Marie de Jésus de Prouilhes (qui la première avait cherchée comment réaliser des modulateurs), sœur Pauline-Marie Duc et sœur Marguerite-Marie Croiset (professeurs avant moi), sœur Solange de Parthenay qui lui amenait tant d’élèves au stage de Lourdes, etc.: autant d'amis très chers et collaborateurs de frère Patrice, qui certainement se seront associés à notre prière de ce matin-là, sans pouvoir le manifester !
Nous nous étions concertés avec frère Columba pour que la cithare ait sa place dans la célébration: mais les citharistes présents venant de lieux très divers, il n'était pas envisageable de produire quelque chose ensemble… Considérant que le psaltérion avait été pensé en priorité pour l'accompagnement liturgique, notre choix s'est arrêté sur le psaume 91(92) qui convient si bien à frère Patrice…
D'un récit qu'il nous fit de sa vie, je retiens particulièrement ce qui me semble être le point névralgique, et l'objet de notre émerveillement en ces jours :
Que Dieu ait pu préparer durant quarante ans un moine de chœur*, particulièrement sensibilisé à la liturgie, à devenir pendant trente autre années travailleur manuel, au service de sa louange : une maturation quasi mosaïque !
A ce sujet d'action de grâces, doivent être ajoutés me semble-t-il, l'apparition synchronisée de la cithare comme instrument liturgique, selon le vœu du Concile; puis celle des accordeurs électroniques (1983), sans lesquels les efforts de lutherie auraient été relativement stériles; et enfin, par l'entremise de Marcel Godard, notre prise de contact (1983) qui inaugura notre collaboration: dans l'enseignement d'abord, puis autour de la revue, et enfin par la fondation des Amis de la Cithare.
Tout ceci s'est agencé d'une façon si étonnante, qu'il est impossible rétrospectivement, de ne pas y voir le doigt de Dieu !