L’envol vers la joie de créer
Joëlle DALLE - C&H 136
A 57 ans, en 2006, suite à un long processus de 40 ans, très progressif, de guérison de blessures de mon enfance liées à ma sœur Catherine profondément handicapée de naissance, j’ai été libérée du dernier poids qui me plombait. Je me suis alors brutalement sentie libre comme un oiseau dans le ciel et j’ai pu oser commencer à peindre. Impossible pour moi de peindre sur une toile, ou de prendre des cours, encore paralysée par le regard des autres. J’ai alors commencé à peindre sur des planches de bois de l’atelier de mon mari. Parallèlement, je débutais mon histoire d’amour avec mon psaltérion.
En 2011, juste après le décès de ma sœur Catherine, j’avais écrit quelques lignes sur son histoire.
Dans mon petit atelier, je fais sans cesse des va-et-vient entre la musique et la peinture. Et j’ai entrepris des vidéos sur des tableaux avec une mise en musique très simple en regard de paroles bibliques. Je chante aussi les
Laudes avec mon psaltérion tous les matins et c’est un vrai temps de créativité. Mon parcours est très lié à ma foi et à mon désir d’évangélisation. J’espère (!!!!!!) toucher des personnes loin de nos églises par ce biais. Coup de la grâce, extraordinaire, un de nos petits-fils, de 18 ans assure le développement du site internet « www.Tendresse-de-Dieu » et cela me booste pour travailler, ayant une fenêtre sur la toile pour toucher du public.
A mon grand regret, je n’ai pas eu de formation musicale ni artistique, à l’exception des cours de dessin à l’école. Afin d’acquérir des compétences j’ai, pour le psaltérion, suivi des stages avec Catherine WEIDEMANN ; pour la peinture, après avoir trouvé « mon style » je me suis inscrite à des cours dans une MJC (Maison des jeunes et de la Culture) et j’ai travaillé, avec persévérance et passion.
En 2020, (le temps de maturation est long) j’ai peint le tableau « Petite Catherine ». Est né, naturellement, le désir de témoigner sur la fécondité de la vie des personnes dites « inutiles », que notre monde désire euthanasier.
Alors je me suis lancée. J’ai repris mon premier texte sur Catherine, je l’ai travaillé pour le mettre en musique. J’ai créé d’abord une mélodie sur une tonalité, puis une rythmique et quelques notes pour la main droite.
Enfin j’ai suivi la formation « Digitalisation » proposée par C. WEIDEMANN et j’ai appris à me servir du logiciel « Musescore » pour me permettre d’écrire des partitions. Cela m’a beaucoup appris au niveau musical sur d’autres morceaux, car MUSESCORE est têtu et n’accepte pas les fautes de rythme dans une mesure. C’est pour moi une difficulté d’écrire le rythme que je veux chanter. C’est donc très laborieux.
Pour l’écriture musicale, j’ai essayé prioritairement de transcrire la musique, telle que je la sentais, dans ses grandes lignes, comme un bloc à sculpter qui s’affine petit à petit, par des ajustements successifs. Petit à petit, la mélodie se construit par petites touches. Sur cette partition de « Petite Catherine », j’ai préféré laisser une interprétation libre. Même imparfaite elle a le mérite de fixer le chant, en laissant libre cours au processus de créativité, et de le graver, à force de répétitions, dans la mémoire pour le jouer correctement.
Peut-être que le plus difficile pour moi, dans le processus de création, est d’oser. Après le premier pas, je peux tenter le deuxième et avancer toujours plus loin. Que ce soit en peinture ou en musique, je marche à l’aveugle par petites étapes et l’œuvre (modeste !) se construit. Tenir à mon idée, ne pas me laisser influencer par les commentaires négatifs au début, mais ensuite, quand j’arrive au bout et que l’œuvre a pris forme, écouter critiques, suggestions. Seulement à ce moment-là, j’ai la liberté et le recul d’analyser si c’est judicieux de modifier, de corriger, sans perdre l’expression du message initial.
Voilà ma démarche, chemin difficile surtout pour construire le projet, mais qui s’éclaircit au fur et à mesure de son avancée pour devenir un vrai chemin de bonheur pendant lequel j’oublie tout, je suis tout entière absorbée, dans un autre monde, et j’ose le dire, en la présence du Bon Dieu.
En espérant que ce témoignage vous permettra d’OSER cette belle expérience, peu importe le résultat.
Cotignac, le 5 Mars 2021