L’improvisation,
une liberté intérieure avec son instrument
Catherine Weidemann - C&H 136
Pouvoir improviser ! Un rêve pour beaucoup… L’expression passe par nos mains, avec une alliance de capacités et de lâcher prise qui nous travaille de l‘intérieur. Est-ce facile ? Pas forcément.
Car l’improvisation repose à la fois sur des compétences instrumentales, des connaissances précises de la musique et une oreille intérieure. Et c’est sans doute cette oreille pleine de tendresse qui donne le plus de fil à retordre.
1. Un canal sensoriel plus actif
Chacun de nous s’est construit avec un canal sensoriel dominant : soit le canal visuel, soit le canal auditif. Nos apprentissages et notre mémoire s’organisent autour de cette prépondérance. Cela paraît une évidence : ceux qui ont le canal auditif prédominant ont un net avantage sur les autres.
Pour les « auditifs », les mélodies sont très facilement retenues. Pas besoin d’un papier qui rappelle les notes qui sont inscrites dans la mémoire auditive.
L’improvisation a besoin de compétences instrumentales et de connaissances musicales pour ne pas tourner en rond.
Pour les « visuels », le chemin est un peu plus long, mais il va développer votre oreille qui a tendance à se reposer sur les yeux. Les fruits sont nombreux aussi dans votre quotidien : davantage d’attention aux informations auditives extérieures (les chants des oiseaux) et intérieures (aussi cette petite voix si précieuse). Pour le jeu de pièces diverses, vous allez augmenter votre réceptivité à la qualité sonore, aux couleurs harmoniques, aux courbes douces des mélodies. En bref, votre oreille va pouvoir davantage différencier les sons comme le font vos papilles gustatives avec les pommes et les poires. La saveur des sons va être davantage appréciée.
2. Des sentiments qui remontent
L’improvisation a le don de nous connecter avec des mémoires anciennes.
Et là, c’est une toute autre histoire. Chacun peut l’ouvrir dans l’intimité de son cœur ou la laisser fermée. Une chance peut-être pour créer un nouvel équilibre intérieur avec davantage d’harmonie intérieure et d’unité de l’être.
Joëlle nous parle un peu de ce chemin qui demande beaucoup de tendresse et de bienveillance avec soi-même.
3. Une technique
Improviser, cela s’apprend aussi comme toute compétence. Il y a différents processus d’improvisation. Le Père Patrice nous en montre un, parmi beaucoup d’autres.
• Donnons quelques pistes :
- accueillir ce qui vient sous les doigts sans jugement aucun, sans souci de performance
- être patient en se donnant au minimum 15-30 minutes pour se laisser le temps de rentrer dans l’improvisation
- goûter la saveur des sons
- s’émerveiller avec la simplicité
- créer un environnement sécurisant et agréable
- être dans une pièce à l’abri des regards ou des oreilles qui peuvent déranger
- se donner du temps sans être interrompu
- laisser le téléphone dans une autre pièce
- se donner du temps sur la durée (au moins 1 mois)
- prendre quelques accords et les arpéger délicatement
- laisser monter quelques notes de l’intérieur et les chanter
- jouer quelques notes (main droite) avec ces accords
- prendre un morceau court ou un chant particulièrement apprécié
- le jouer/chanter longtemps
- jouer ensuite cette séquence d’accords en chantonnant librement, puis jouer quelques notes à la main droite
- participer à un cours qui construit les apprentissages nécessaires pour improviser
- connaître parfaitement la composition des accords
- apprendre à jouer ces accords sur la partie chromatique