LOUEZ-LE SUR LA HARPE ET LA CITHARE - C&H 131
Posté le 18/11/2024
« Louez-le sur la harpe et la cithare » (Ps 150)
Frédérique Poulet - C&H 131
Le livre des psaumes est un recueil de chants qui semble avoir été destiné au culte du Temple de Jérusalem. C’est ce qu’indiquent leurs titres qui ont souvent un caractère mélodique et liturgique. Dans la Bible hébraïque le livre des psaumes occupe la première place parmi les Ketubim ou « Écrits » que l’on traduit encore par hagiographes. Il comporte 150 psaumes soit 2527 versets. Le terme grec « psalmoi » semble avoir été traduit du terme « mizmor » hébraïque. On trouve également le terme « psaltérion » dans le Codex Alexandrinus 1 pour désigner le livre des psaumes lui-même. Le nom vient sans doute de l’instrument à cordes qui accompagnait le chant. Le terme qui désigne aujourd’hui dans les bibles hébraïques le livre des psaumes Séfer Tehillim viendrait de la racine [hll] qui désigne le service du temple. Il comporte donc aussi une dimension cultuelle et liturgique.
Tout cela nous permet de dire que, d’après les indications de la Bible, la liturgie de l’Ancien Israël comportait un chant cultuel de poèmes avec des instruments de musique mais on ne peut en tirer d’autres conclusions. On peut toutefois retenir la corrélation entre musique et psaume et bien plus entre psaumes et psaltérion. De plus, certains textes des psaumes (au nombre de 29 sur les 150) contiennent des mentions concernant les instruments de musique et des indications pour l’interprétation musicale. Ils offrent ainsi une énumération intéressante d’instruments musicaux destinés à accompagner le chant et les diverses célébrations. On peut citer l’exemple d’un psaume chanté habituellement lors de l’office des complies ; le psaume 4.
On lit : « Du maître de chœur. Avec instruments à corde (en grec « psalmoi »). Psaume (en hébreu « mizmor » en grec « odè »). De David ». Ces indications inscrivent donc le psaltériste dans une longue tradition qui privilégie les cordes (harpe, psaltérion) pour accompagner ce psaume. Il importe alors de s’interroger, comment se mettre, comment mettre son interprétation musicale au service de la prière des psaumes, comment s’inscrire dans cette longue tradition de louange.
En effet, comme le précise l’article « Psaume » du Dictionnaire Encyclopédique de Liturgie, « du point de vue littéraire les psaumes appartiennent au genre poétique de caractère musical : ils sont des chants de louange 2 ». Cette caractéristique ne doit pas être oubliée quand ils sont exécutés dans la célébration liturgique ou quand ils sont accompagnés dans la solitude. Le psautier recueille l’expérience extraordinaire d’un peuple qui savait prier dans les circonstances les plus extraordinaires de sa vie. Le priant présente à Dieu ses joies, ses souffrances, son espérance, son attente, ses sentiments humains et les exprime devant lui au nom de tous les hommes, par la musique et par le chant.
Avant de nous arrêter à la dimension musicale et à l’interprétation des psaumes ou cantiques, il faut rappeler que les psaumes peuvent être divisés en trois catégories en fonction de leur contenu : des hymnes de louange, des lamentations, et des psaumes qui font mémoire et racontent.
Certains commentateurs retiennent une quatrième catégorie, les cantiques d’espérance (Ps 23, Ps 129). Avant toute interprétation musicale, avant toute composition d’un ton de psaume, il est important de bien identifier la catégorie à laquelle il appartient. Ainsi les hymnes qui célèbrent le rôle de Dieu comme créateur et rédempteur sont des chants d’acclamations et de louange. Il importe donc de faire rentrer tous les vivants dans ce chant et de privilégier un mode majeur.
Les psaumes de lamentations déplorent l’absence de Dieu ou s’interrogent sur sa colère, ils sont chantés dans une situation donnée et peuvent même parfois inciter au silence instrumental. On peut ainsi prendre l’exemple du Ps 136 qui est très évocateur. Le texte décrit une situation d’exil à Babylone et un peuple éprouvé par l’exil. Il est dans un tel état de tristesse qu’il ne peut plus louer Dieu. Il a fait taire sa harpe de louange :
« Au bord des fleuves de Babylone,
nous étions assis et nous pleurions, +
nous souvenant de Sion
aux saules des alentours
nous avions pendu nos harpes »
De plus il fait la risée de ses adversaires
C’est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons, +
et nos bourreaux des airs joyeux :*
« Chantez-nous disaient-ils
quelque chant de Sion »
Et la réponse surgit au verset suivant
« Comment chanterions-nous
un chant du Seigneur +
sur une terre étrangère ? *»
Un tel psaume ne peut être interprété avec un air joyeux, il demande d’intérioriser la situation, de la faire sienne et même parfois de ne pas craindre de faire taire la harpe et la cithare mélodieuses ou de les réduire à un accompagnement au plus haut point discret sinon on court le risque de faire dire au psaume ce qu’il ne dit pas, de passer à côté du silence instrumental suscité par la souffrance. Une interprétation intéressante consiste à chanter ce psaume a capella sur un ton oriental (pour signifier l’exil). Il prendra alors toute sa dimension et pourra être chanté au nom de tous ceux qui vivent actuellement une situation d’exil. Il se termine par une promesse de bonheur pour celui qui n’oublie pas Jérusalem et alors on pourrait à nouveau faire entendre quelques notes.
Il est évident qu’on n’interprétera pas ce psaume comme celui qui le précède.
Ps 135 « Rendez grâce au Seigneur : il est bon,
éternel est son amour ! […]
Lui seul a fait de grandes merveilles
éternel est son amour »
Ou encore comme le psaume 150 :
«Louez-le sur la harpe et la cithare »
Dans ce cas il ne faut pas craindre de faire sonner le psaltérion, de mettre toutes les cordes au service de la louange et de l’action de grâces. Ces différentes remarques nous permettent de retenir un principe. Les psaumes exprimant les différents sentiments humains, de la colère jusqu’au désespoir en passant par la joie la plus profonde et la louange et l’action de grâces qui vont jusqu’à la danse. Il est ainsi préférable que la mélodie choisie coïncide avec l’ambiance du psaume pour en servir le sens. D’une manière générale la musique doit mettre en valeur le texte qui doit d’abord être prié et intériorisé.
« Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur
De chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut, […]
Sur la lyre à dix cordes et sur la harpe,
sur un murmure de cithare. » (Ps 91)
Cette intériorisation doit se vivre avec tout l’être. Joseph Gélineau dans un article intitulé « A toi, les psaumes 3 » suggère de « commencer par le dire à haute voix » et ainsi de se laisser prendre à la fois par le texte et par le rythme du psaume.
En effet, quelle que soit la forme que prendra le chant du psaume : responsoriale (alternance soliste - refrain par l’assemblée), continue (in directum chanté sans interruption soit par un soliste soit par une assemblée ou un chœur), alternée (l’assemblée répartie en deux chœurs chantent alternativement), « l’élément de base c’est le verset ». Il s’agit, toujours selon Gélineau, d’un ensemble de mots formant une seule phrase et une unité de sens. L’auteur poursuit : « le verset c’est ce qu’on peut dire d’un souffle ».
C’est là un élément fondamental qu’il faudra prendre en considération pour composer un ton de psaume. Le verset doit pouvoir être chanté en un seul souffle. Il doit être simple et paisible au service du texte.
De même, il importe de ne pas enchaîner immédiatement avec le verset suivant, il faut laisser le temps au silence, il faut se laisser dans la cantilation le temps de reprendre souffle. Une tradition monastique dit qu’il faut avoir le temps de prononcer « Jésus » entre deux versets. Il ne s’agit pas d’une simple discipline mais de laisser le « poème-prière […] te structurer vitalement » dit Gélineau. En faisant ainsi place à cette respiration au rythme du psaume, on laisse la prière structurer tout l’être car, ce faisant, tout le corps entre en prière. En intégrant cette dimension, le jeu du psaltérion servira alors un rythme de prière. Ce rythme peut parfois sembler répétitif, et il l’est de fait. Gélineau explique « chaque verset a ainsi deux -parfois trois- membres « parallèles » qui redisent la même chose mais avec d’autres mots ».
« Acclamez Dieu, toute la terre ; +
fêtez la gloire de son nom,
Glorifiez-le en célébrant sa louange. » (Ps 65)
L’auteur parle alors non seulement d’inspiration-expiration mais de balancement. Il poursuit : « Si donc tu veux prier en unifiant tout ton être, suis imperceptiblement avec ton corps le mouvement du verset, dans un sens puis dans l’autre. Tu verras que peu à peu la Parole emplira tes artères, tes muscles, tes os, tes membres, et donc ton âme qui les anime et ton esprit qui pense par eux ».
Ici tout psaltériste comprendra l’enjeu du mouvement du corps dans l’accompagnement du psaume et surtout tout compositeur est appelé à une conversion fondamentale. En effet, Gélineau termine son propos en ces termes : « ton esprit qui pense par eux ». Il y a ici une clé pour la composition, il ne s’agit pas d’abord de chercher à produire un chef d’œuvre musical mais de laisser la Parole envahir tout l’être et de mettre l’esprit au service d’une Parole incarnée, en d’autres termes, il s’agit de devenir psaume, de devenir chant vivant d’action de grâces et de louange, chant vivant de supplication, chant vivant des cris des hommes.
Cela ne remet pas en cause la pertinence d’un savoir-faire musical mais cela lui ajoute une exigence : que ce savoir-faire soit au service de la Parole biblique et du souffle de l’Esprit qui anime celui qui chante les psaumes et les cantiques du psautier et les accompagne au psaltérion. Le véritable psaltériste est celui qui devient « cithare de l’Esprit 4 », qui laisse, de fait, l’Esprit chanter par son interprétation et surtout qui lui fait place.
Gélineau précise : « le psaume possède une pulsation vivante […] surtout ne va pas le dire sans arrêt ni pause […] tu auras bouché toutes les ouvertures par lesquelles peut entrer le souffle de l’Esprit ».
L’auteur poursuit avec une indication pratique qui fera l’objet d’un développement dans la deuxième partie de cet article : « psalmodier c’est réciter poétiquement avec un ton. Pas une mélodie ou un air compliqué. Il ne s’agit pas d’un cantique. Mais un ton de deux ou trois notes, qui soulignent la fin et le milieu des versets qui eux, sont dits tout droits ».
Ainsi composer un accompagnement de psaume ou de cantique évangélique (Cantique de Zacharie Magnificat ou Cantique de Siméon) demande de se mettre au service du texte et de prendre en considération cette affirmation de Marcel-Joseph Godard : « jamais le message évangélique ne pourra se confondre avec un message esthétique 5 ».
Ce grand musicien rappelle d’ailleurs que « l’essentiel est d’aimer, d’aimer Dieu, d’aimer les autres ». Sans renier la beauté musicale Godard précise : « la beauté est l’un des chemins pour nous conduire à Dieu s’il est suivi ou précédé du souci de l’amour ».
Une fois ces différents éléments posés, il convient de mettre en pratique et d’illustrer par une mise en œuvre les différents éléments que nous avons énumérés ; primauté du texte, place du corps, du souffle, simplicité tonale voire modale, éviter un esthétisme qui supplante la primauté du texte et de la prière. Stéphane Caillat écrit à propos de la composition liturgique : « Je connais assez peu de situations où les contraintes soient aussi nombreuses et aussi fortes […] : la primauté du texte, les tessitures, la facilité et la rapidité de mémorisation. […] une prosodie 6, un rythme, un intervalle inhabituels, tout ce qui peut paraître incongru ou surprenant sera rejeté 7 » Il précise : « ce qui demande de ne pas être à côté du texte mais de le magnifier ».
L’exemple du Magnificat durant le temps de l’Avent.
Ce cantique évangélique (Lc 1, 47-55) constitue la réponse de Marie à la prophétie d’Elisabeth qui lui dit : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). Il s’agit d’un chant de louange qui répond à une béatitude : « Heureuse celle qui a cru ». « Il se compose de neuf stiques qui répondent au modèle suivant : une affirmation et son opposition ou son développement 8 ».
Le Magnificat est un chant solennel d’action de grâces à Dieu qui fait miséricorde à son peuple. Il est « exaltation et action de grâces pour l’œuvre première de ‘l’amour-miséricorde’ du Seigneur, l’incarnation 9 ».
C’est donc un chant qui prend toute sa dimension durant le temps liturgique de l’Avent et qui cristallise les différentes dimensions de la mise en œuvre de l’accompagnement au psaltérion telle que nous l’avons développée précédemment. Ainsi la structure du cantique évangélique est répétitive comme la grande majorité des psaumes. Neuf stiques ou versets comportent une affirmation et son développement ou son opposition comme nous l’avons souligné précédemment.
Voici quelques exemples de développement :
Mon âme exalte le Seigneur
Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Et des exemples d’opposition :
Déployant la force de son bras,
Il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
Il élève les humbles
Dès lors l’obéissance première au texte et à son rythme que nous avons évoquée demande de favoriser un ton qui respecte le balancement du texte et qui incarne ce balancement. Il faut donc tenir une expression de louange et d’action de grâces avec une affirmation en deux temps. Il s’agit de magnifier, de se laisser étonner par l’œuvre du Tout-puissant qui fit « pour moi » des merveilles.
Le chant est à la première personne du singulier et commence par exprimer la joie de l’âme qui exalte et de l’esprit qui exulte. Il faut donc que la musique se mette au service de cette joie et de cette exultation mais avec réserve car le verset suivant donne la modalité de l’expression puisqu’il parle d’un Dieu qui se penche, qui vient vers l’homme dans son humilité, ce qui justifie les termes « humble servante ».
Dès lors il convient de choisir un ton qui respecte à la fois cette joie et conjointement cette réserve et cette humilité. Il serait presque nécessaire ici d’avoir un forte, la joie éclate, puis un decrescendo ou plutôt la mention « plus intérieur ».
De plus, les premiers versets étant à la première personne du singulier ils n’appellent pas nécessairement une polyphonie mais demande avant tout une mélodie au service du texte, Stéphane Caillat précise : « une mélodie, seule base valable et suffisante d’un texte 10 ». Dans le psautier qui est fait pour le chant liturgique, on trouve ici une esperluette « & » qui marque un changement dans le cantique et peut alors ouvrir sur une polyphonie. On quitte le chant en « je » pour magnifier les œuvres de Dieu « il ; son amour » pour passer au nous « de la promesse faite à nos pères ».
Conclusion
Si nous reprenons les divers points soulignés précédemment, il convient de composer un accompagnement qui respecte l’élan de la phrase et conjugue joie et intimité, un ton au service d’une joie secrète et qui pourra ensuite s’épanouir avec une polyphonie plus large manifestée par les accords du psaltérion qui de discrets se feront plus participatifs. Le cantique a sa valeur par lui-même, il comporte son élan propre.
Trois versets d’exultation et d’exaltation puis une action de grâces pour l’action de Dieu dans l’histoire et la réalisation de sa promesse, réalisation dont le temps liturgique de l’Avent est attente active. En effet, les quatre semaines de l’Avent comportent des accents différents qui pourront être manifestés dans la mise en œuvre du Magnificat tel que le présente le psautier liturgique (cantique NT 1).
L’Avent comporte en fait une triple dimension, celle de la mémoire, celle de l’attente et de l’accomplissement 11. Les trois premières semaines font mémoire de celui qui est venu « Car il est venu, en prenant la condition des hommes, pour accomplir l’éternel dessein de ton amour et nous ouvrir le chemin du salut 12 » ainsi que de l’attente de sa venue, de son avènement dans la gloire « il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire afin que nous possédions la pleine lumière 13 » tandis que la quatrième semaine est plus directement attente et mémoire de la naissance du sauveur avec Marie.
Le temps de l’Avent est donc un temps qui se situe au centre de deux avènements entre venue dans la chair et venue dans la gloire. Il dit la vocation de toute l’humanité et le Magnificat prend une coloration particulière en ce temps, parce qu’il est venu, parce qu’Il a pris chair.
L’humanité reprend les mots de Marie et chante sa joie et son attente : il élève les humbles, il comble de biens les affamés, il se souvient de son amour.
Suggestions de tons
En prenant comme fil de trame ce temps nous allons considérer plusieurs propositions de ton pour chanter et accompagner le Magnificat. Ils ne sont pas polyphoniques et il me semble qu’on peut peut-être privilégier une montée des harmoniques avec la polyphonie assurée par l’accompagnement au psaltérion.
La première semaine invite à la veille, « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure que vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». Il ne s’agit pas d’une veille d’inquiétude mais d’une veille d’attente paisible et confiante. C’est la raison du ton choisi pour le premier dimanche 14.
Le mode choisi comporte peu de variations, il exprime une atmosphère sereine, telle qu’elle est décrite précédemment.
Le deuxième moment de l’Avent nous conduit à la figure de Jean Baptiste. C’est lui qui bondit de joie dans le sein de sa mère, qui reconnaît le sauveur et suscite la parole de béatitude prononcée par sa mère Élisabeth. C’est lui également qui annonce la venue du sauveur et invite à la conversion. Cette annonce de salut est accompagnée de la paix profonde qu’il apporte au monde « Le loup habitera avec l’agneau… la vache et l’ourse auront même pâture, le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra » (Is 11,1-10).
Il convient de rendre grâces, de chanter Magnificat et conjointement de s’ouvrir le cœur, de « préparer les chemins du Seigneur » (Mt 3, 1-12) pour qu’il puisse faire son œuvre en chacun. L’atmosphère est plus ouverte, on chante déjà la transformation du monde par celui qui est la lumière et qui va venir. Le Magnificat assume cette nouvelle atmosphère 15.
Enfin le troisième dimanche est un dimanche de joie. Il s’agit de se réjouir de ce que Saint Bernard appelle le deuxième avènement « qui est spirituel et caché, la venue du sauveur en chacun, en chaque créature « Si quelqu'un m'aime, dit-il, il gardera ma parole ; mon Père l'aimera; nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure (Jn 14, 23). Oh! Heureux celui en qui vous établirez votre demeure, Seigneur Jésus ! Heureux celui en qui la sagesse se construit une habitation et se taille sept colonnes pour la soutenir : Heureuse l'âme où elle s'établit à demeure ! 16 ».
La joie est là mais elle est secrète et cachée, profonde. Toute la création est appelée à devenir demeure de Dieu puisqu’il va venir « Le désert, qu’il se réjouisse, le pays aride qu’il fleurisse comme la rose, ils entrent dans Sion couronnés de l’éternelle joie » (Is 35, 1-6). Cet avènement du sauveur en chacun est préparé attendu « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi » (Mt 11, 2-11).
C’est cette joie personnelle qui jaillit dans le Magnificat de ce troisième dimanche d’où l’atmosphère assez intérieure, quasi « mineure » du ton ici proposé. 17
Enfin le quatrième dimanche est celui de l’attente active de Noël. On passe au deuxième temps de l’avent avec la figure de Marie. Le mode de sol est ici transposé « sur la tonique MIb. Cela donne les deux bourdons avec MIb et RÉb (C#) qui annoncent déjà Noël 18 ». « Voici que la vierge est enceinte elle enfantera un fils » (Is 7, 10-16).
Tous ces tons demeurent simples d’exécution et permettent d’intérioriser le texte. Dès lors ils permettent de mettre le psaltérion au service du désir de l’homme, de son attente profonde, d’une respiration devant Dieu et d’une concrétisation de son aspiration, « Seigneur tout mon désir est devant toi » (Ps 37,10).
Notes de bas de pages
1 Codex Alexandrinus 2, 193 (texte du Vème siècle) in The Oxford Encyclopedia of the Books of Bible, Michael D. Coogan, 2011.
2 Dictionnaire Encyclopédique de Liturgie, tome II, Brepols, 2002, Article « Psaume », p. 263s.
3 J. GELINEAU, « A toi les Psaumes », revue Liturgie n° 120
4 Cf. P. HOUIX, Témoignage, Pontmain 6-8 juillet 2007
5 M. J. GODARD, « Concilier l’exigence du beau avec les besoins du quotidien ; pratique d’un prêtre-musicien » (Conférence au colloque de l’Institut catholique de Lyon « Création musicale et musique liturgique aujourd’hui » 23 mai 1991) paru dans Liturgie n° 137, juin 2007.
6 Règles fixant les rapports entre paroles et musique du chant.
7 S. CAILLAT, « Écrire et exécuter des chants pour la liturgie », Liturgie n° 146, sept. 2009, p. 211-233.
8 F. POULET, « Le Magnificat dans la liturgie occidentale », Cahiers Evangile Supplément n° 176, Le cantique de Marie, juin 2016, Paris, Cerf, p. 39.
9 Ibid., p. 43.
10 S. CAILLAT, « Écrire et exécuter des chants pour la liturgie », p. 225.
11 R. WINLING, l’Avent ; mémoire, attente, accomplissement, Paris, Salvator, 2018.
12 Préface de l’Avent 1
13 Préface de l’Avent I
14 Ton Catherine Weidemann en mode de MI
15 Idem en mode de DO
16 SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX, Troisième sermon pour l’Avent, § 4
17 Ton Catherine WEIDEMANN en mode de RE
18 Catherine WEIDEMANN