Oser l’improvisation sur psaltérion !!!
Rêve inaccessible ?
Christine de La Forest - C&H 147
Une amie, qui animait des retraites spirituelles sans notes, si ce n’est quelques repères écrits, et dont la parole coulait librement, m’avait dit un jour : « pour improviser, il faut avoir des provisions ».
Alors, j’ai fait des provisions en participant à des stages avec Catherine :
- connaissance des accords
- connaissance par cœur de séquences d’accords
- notes pivots
- notes de passage
- broderies
- jeu en syncopé
- et d’autres encore
Mon panier bien rempli, j’ai participé à un stage d’impro : blocage ! Rien ne venait au bout de mes doigts.
Un peu de temps, puis nouveau stage… et nouveau blocage ! Impossible de confectionner un plat avec mes provisions. Le cerveau gauche, lié à l’intellect, est bien nourri, mais le droit, siège de la créativité, de la spontanéité, est paralysé. Et pourtant, improviser est toujours un désir au fond de moi ; mais il reste un « eldorado » inaccessible.
Je n’abandonne pourtant pas et tente encore un essai avec la nouvelle formule « Suivi Impro » qui s’étend sur 5 séances en visio. Et le verrou saute !
Grâce à la bienveillance des participants, le témoignage de l’une ayant traversé la même difficulté que moi (mais pour des raisons différentes), grâce à l’écoute et l’accompagnement de Catherine et son « une impro est toujours juste », et avec la prise de conscience de l’injonction très spécifique qu’avait intériorisée la petite fille Christine au piano (« sois parfaite ! », donc « il ne faut pas faire de fausses notes »)… voilà que j’ose !!! Et je me lance, libérée de mes autocensures et formatages, osant « être », être moi-même, n’analysant pas ce que je joue, ne le jugeant pas. Je commence à m’amuser (mais ne prends pas encore trop de risques !!). J’expérimente ! Je retrouve mon âme d’enfant !
Mais, est-ce acquis ou bien juste provisoire ? Peu de temps après, nous prenons quelques jours de vacances avec des amis. J’avais emporté mon psaltérion. Et, quand il y avait un temps libre, je m’asseyais tranquillement devant mon instrument et improvisais ; qu’il y ait ou non du monde dans la pièce ne m’importait plus. Il parait, même, qu’ils appréciaient cette atmosphère de paix qui découlait de mon jeu.
Alors, vraiment acquis ? Un peu de temps encore et je vais passer un week-end à l’abbaye de Sénanque avec mon groupe de prière. Là aussi j’emporte mon psaltérion. Temps libre le soir, après le dîner. On se retrouve à plusieurs dans la salle de réunion. Certains lisent, d’autres discutent.
Moi… j’improvise ! Et, tout d’un coup, je réalise que les personnes qui entrent en parlant, ou celles qui étaient déjà là, baissent le ton et se mettent à chuchoter. Magie du psaltérion.
Quelques réflexions à la suite de cette expérience :
- Interdépendance entre mon psaltérion et moi : il est un corps intermédiaire pour exprimer mon chant intérieur et je suis un canal pour le faire vibrer et chanter.
- J’ai compris que l’improvisation est un travail de longue haleine, de longue pratique. Et je me retrouve sans peur, sans découragement, comme un enfant qui apprend à marcher : il essaye, tombe, se relève, tombe encore, inlassablement, sans peur du jugement des autres.
- L’improvisation est comme une libération. Et je réalise que ce qui importe n’est pas tant le résultat que le chemin dont le but est la confiance et la présence.